2009 a marqué un tournant décisif dans la prise en compte du changement climatique par l’ensemble des acteurs publics et privés. La couverture médiatique autour du sommet de  Copenhague en a été la preuve.
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De l’année 2010, décrétée Année Internationale de la Biodiversité par l’ONU, nous espérons au moins  les mêmes effets. Car une deuxième catastrophe longtemps occultée, la disparition de la biodiversité, est à l’œuvre. Tel le diabète dans un organisme qu’elle perturbe sournoisement et irrémédiablement.    L'homme, élément de la biodiversité, a cru pouvoir en être l’organisateur. S’il a fourni des preuves de son génie et de sa ténacité en adaptant dans les zones plus arides plantes et espèces pour sa subsistance, il a négligé, en passant à l’échelle industrielle, de tenir compte des fragiles équilibres dont il était lui même dépendant.

 

Il manquait cet élément essentiel pour envisager une réconciliation de l’homme et de son milieu naturel comme l’enjeu de ce nouveau siècle. Les chances existent pour réussir cette métamorphose dans les temps impartis, tout en réduisant les insupportables inégalités qui minent les équilibres sociaux :

•       Cette prise de conscience concerne les opinions publiques, mais aussi plus discrètement  les dirigeants politiques. Si ceux-ci n’ont pas apposé à Copenhague leur nom au bas d’un parchemin, ils sont venus plus nombreux que les organisateurs n’en avaient rêvé. Ils ont généralement engagé sur leurs territoires nationaux des débats économiques et sociaux dont ils connaissent la gravité et la pertinence, pour sortir par le haut des bouleversements attendus.

•       De nouveaux rapports de forces se dessinent aujourd’hui entre les pays du G20 et les pays africains, à la faveur de cette prise de conscience planétaire, née aussi de la crise financière et économique.

•       Le développement durable ne se conçoit plus sans développement : Les mécanismes de lutte contre le changement climatique mis en place en Europe, comprennent quoiqu’imparfaits, une  redistribution des pays émetteurs de GES vers les pays non industrialisés.

•       La diversité est un élément clé des négociations : Tous les organismes y trouvent progressivement leur place, en quittant la seule posture de l’affrontement. Les ONG ont fait la preuve de leur rôle déterminant dans l’alerte aux conséquences du réchauffement climatique, comme aiguillon dans la recherche des solutions auprès des politiques et des industriels. Elles amènent face à la rigidité des institutions une réjouissante disparité dans les générations, les nationalités, les cultures, les problématiques et les méthodes d’approche. Tout ceci n’empêchant pas les convergences : C’est un modèle non centralisateur dont les Nations Unies pourraient s’inspirer mais auront bien du mal à intégrer. Il permet pourtant la recherche consensuelle de solutions efficaces et préfigure peut être les nouveaux rapports de forces d’après crise, ouverts à la complexité.

 

Dans ce nouvel ordre mondial, l’Afrique a un rôle prépondérant à jouer.

Hier peu pris au sérieux, le continent africain est aujourd’hui convoité, courtisé pour ses ressources naturelles, pour ses terres, ses récoltes achetées parfois plusieurs années à l’avance. Les puissances actuelles et les pays émergents ont besoin pour leur développement de s’approvisionner qui en pétrole, qui en uranium, en bauxite en or ou en platine. L’Afrique qui est responsable de  4% des GES, qui participe pour 2% au commerce mondial, est aussi la première surface en termes d’ensoleillement, bassins hydrauliques, réservoir de biodiversité et reforestation..
Les acteurs que l'on rencontre aujourd’hui sont la Chine, les Etats Unis, l’Europe, viennent ensuite l’Inde, le Brésil...Ces puissances se livrent à une concurrence acharnée sur le sol africain. Sur le terrain de jeu, les affrontements pour l’appropriation de ces biens sont plus ou moins masqués par d’autres opérations, comme cela se pratiquait au temps de la guerre froide.

 

L’Afrique peut transformer cette nouvelle donne en un puissant atout. Lieu de convergence de ces nouveaux intérêts, elle est peut être pour la première fois en situation d’arbitrage. La plupart de ses habitants savent vivre en deçà de la sobriété. La consommation à outrance des pays industrialisés n’est pas la règle. Malgré sa diversité,  sa complexité,  la modestie de son tissu industriel et économique,  l’Afrique s’est mise au travail avant Mexico pour proposer quelques projets phares, à l’échelle du continent :

-   la grande muraille verte (de Dakar à Djibouti, 11 pays concernés pour atténuer l’avancée du désert),

-   la reforestation de plus de 50 000 ha par de l’acacia au Sénégal, capteur de CO2 et produisant de la gomme arabique,

-   la proposition de la Charte Africaine de Compensation volontaire de carbone portée par le Président ATT du Mali

-   la construction d’une grande centrale solaire dans le désert pour une électricité gratuite au peuple d’Afrique proposée par le Président Wade

-   les initiatives de jeunes entrepreneurs pour la maîtrise de l’énergie solaire dans différents pays africains

-   la forêt du bassin Congo 2éme poumon du monde avec tous les projets y afférant

-   les différents forums planifiés pour préparer Mexico (Forum de Bamako en Février 2010, réunion des ministres de l’environnement de l’Afrique en Juin, forum sur les investissements dans le développement durable à Ouagadougou, FMDD à Bamako, Forum Ateliers de la terre etc...)

Pour orchestrer cette nouvelle partition, les institutions sous-régionales telles que la CEMAC, BEAC, BOAD, UEMOA, BCEAO, BAD, BRNS, BIED devront avoir de nouvelles attributions, donc des rôles plus importants à jouer. 

 

En définitive, c’est aux peuples du monde entier, mieux informés, que revient le pouvoir de transcender les intérêts nationaux et divergents des pays des 3 blocs. Cette question de l’information et son assimilation est vitale. Elle permettra de donner mandat aux dirigeants pour agir dans le sens des recommandations du GIEC, croisant le bon sens paysan, et les conclusions des scientifiques. Parvenir à des solutions négociées, consensuelles, mises en œuvre de manière différenciées selon les continents et pays est le vœu le plus cher que nous formulons pour 2010. Rendez vous au Mexique, à Cancun en décembre 2010.

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