object021En 5 jours du 22 au 29 Août 2010,  231 jeunes de 16 nationalités différentes encadrés par Olivier M., un adulte bénévole, ont planté 1000 ha d’arbres dans la région de SYER au Sénégal. Chaque année ces volontaires, qui préparent longuement ce voyage en mettant de l’argent de côté,  rejoignent Dakar depuis le Ghana,  le Bénin ou la Côte d’Ivoire par un trajet en bus de plusieurs jours, pour continuer leur ouvrage.  Leur motivation ? Apporter leur pierre au rêve collectif de la Grande Muraille Verte.  Enoncé une première fois par son Excellence Olusegun OBASANJO, ancien Président de la République Fédérale de Nigeria lors d’un sommet des chefs d’état en 2005, ce projet a été repris et conceptualisé par Son Excellence Maître Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal sous l’appellation de « Grande Muraille Verte » ou « Great Green Wall».  De quoi s’agit il ? De combattre avec détermination, l’avancée apparemment inexorable du désert au sud de la frontière sahélienne. L’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation estime en effet que 2 millions d'hectares de zones boisées disparaissent chaque année en Afrique, entrainant la disparition du végétal et l’appauvrissement des terres, et condamnant les populations locales à une spirale de paupérisation.

Le projet est à la mesure des enjeux: Ses concepteurs ont envisagé la création d’une ceinture de végétation multi-espèces, large de 15 km reliant Dakar à Djibouti sur une longueur d’environ 7000 km. Superficie prévue: environ 10.500.000 ha d’unités végétales. Au delà de la reforestation, l’approche prévoit de contribuer au développement intégré des zones rurales traversées, au traitement de l’eau, à la santé, aux actions de lutte contre la pauvreté dans le cadre d’un développement durable.

11 pays sont traversés: Burkina Faso, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan et Tchad, qui souhaitent également impliquer les pays d’Afrique Centrale car la désertification du Sahel provoquera aussi des impacts sur le bassin forestier du Congo.

C’est donc un projet à l’échelle du continent africain, adopté par l’Union africaine en 2007, qui a pris forme, et s’est tourné vers les bailleurs de fonds. Le financement nécessaire est estimé à 600 millions de dollars sur une période de 10 ans. Le récent rendez vous de N’Djaména, au Tchad, réunissant le 17 juin dernier les 11 pays à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la désertification a permis d’enregistrer une promesse de financement par le Fonds de l’Environnement Mondial. Sous forme d’allocation à chacun des pays, variant de 6,6 à 23 millions de dollars, pour un montant cumulé de 119 millions de dollars, cet apport doit servir de catalyseur pour encourager d'autres bailleurs à s'intéresser à la Grande Muraille verte.

Les bailleurs de fonds des pays occidentaux sont en effet  directement concernés par l’édification d’une terre surface boisée, car elle va contribuer à la séquestration du CO2 au profit de toute la communauté internationale. Dans le cadre des marchés carbone qui se mettent progressivement en place, elle peut amener un nombre important d’Unités de Réduction Certifiée des Emissions (URCE).

Mais à ce jour, les financements internationaux ne sont pas encore en place et les pays les plus volontaires n’on pu compter que sur leurs propres moyens,  les efforts des populations locales et des bénévoles.

Le Sénégal a investi 2 milliards de francs CFA dans le projet, soit un peu plus de 3 millions d'euros, et a budgétisé plus de 3 milliards de francs CFA (4,5 millions d'euros) pour 2010. Le  pays a mis sur pied une Agence nationale pour la Grande muraille verte, dirigée par le Colonel Moctar Cissé.

Les scientifiques sénégalais ont fait un inventaire des plantes qui pourraient être introduites, très variables selon les zones de dunes, de mares ou de plaines. A l’instar des bénévoles d’Olivier M., les étudiants de l’université Cheikh Antar Diop de Dakar, y consacrent une partie de leurs vacances, rejoints par des étudiants en médecine qui organisent aussi des campagnes de soins dans ces zones rurales. Non seulement ce projet vise  la préservation de la biodiversité mais intéresse le monde scientifique. En effet l’analyse  pluri échelle (écosystème,biotope,etc) et pluridisciplinaire (santé, énergie,écologie...) que suscite ce projet ont emmené  un groupe constitué par le CNRS, le Sénégal, le Mali et le Burkina a créé un laboratoire mixte dédié au projet.

Avec 20 000 hectares plantés, sur plus de 550 kilomètres de "muraille», réalisé sans soutien financier international, le Sénégal espère faire la preuve de engagement mais aussi de la viabilité du projet.

Quelques voix de scientifiques s’élèvent en effet contre l’ampleur du projet, en rappelant notamment l’échec en Algérie d’un projet semblable il y a trente ans. Mais les arguments présentés évoquent surtout l’importance de l’adhésion des populations locales et la gestion des terres par des villages ou des groupements de villages. Leur association aux chantiers locaux de reboisement permet aux habitants d’en toucher les bénéfices. A cette condition ils acceptent de changer leur mode de culture, de protéger du bétail les jeunes pousses, d’assurer l’entretien par la suite, d’empêcher les coupes massives…Avec ce projet, l’Afrique offre une réponse aux désordres climatiques, à l’échelle du continent  tout en redonnant aux populations locales un territoire écologiquement et économiquement viable. Le soutien des populations et l’aide technique sont des éléments clé de la viabilité du projet. Mais la grande muraille verte, projet phare de l’Afrique, mérite aussi une visibilité à l’international, des campagnes de communication massives pour mobiliser les bailleurs de fond et les autres bonnes volontés. 

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