Afrique, culture et développement durable

Pour un changement culturel

Aujourd’hui, il est universellement reconnu que les modes de production et de consommation des pays industrialisés sont à l’origine du réchauffement climatique. Pour y remédier, les ONG, les industriels et les gouvernants se mobilisent pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Les financiers y réfléchissent aussi car ils pressentent un nouveau créneau de business: le marché carbone. Cette solution ne pourra être pleinement mise en œuvre que si chaque segment de la société, de l’individu en passant par les collectivités pour aboutir aux états eux-mêmes, s’engage à changer de mode de production, de consommation, en bref de mode de vie…

Et qui dit mode de vie, dit culture. Au sens où l’entend Edgar Morin : «  La culture est constituée des savoirs, savoir-faire, règles, normes, interdits, stratégies, croyances, idées, valeurs, mythes qui se transmettent de générations en générations, se reproduit en chaque individu, contrôle l’existence de la société et entretient la complexité psychologique et sociale. »

Comment exploiter les savoirs, savoir-faire pour asseoir une véritable culture du développement durable ? Comment changer les règles, les normes, les stratégies et les valeurs pour produire et consommer de manière responsable, en opérant les choix pertinents pour la préservation de l’environnement ?

 S’inspirer de la diversité culturelle et échanger sur les bonnes pratiques, éduquer, sensibiliser, et  favoriser la démocratie participative sont autant d’initiatives en cours qui méritent d’être portées à une plus grande échelle.

S’inspirer de la diversité culturelle

L’Occident a à apprendre des pays du Sud qui donnent encore à observer des sociétés où l’homme reste proche de la nature, et des savoir-faire ancestraux de préservation de l’environnement. L’Afrique, notamment, recèle de forêts et bois sacrés et d’interdits qui perdurent et contribuent à limiter l’exploitation abusive des ressources naturelles. Des études du laboratoire d’écologie à Cotonou, au Bénin, ont montré que les forêts sacrées du Bénin, comme dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest ou du Centre, présentent un modèle de développement durable ; en effet, non seulement, ces forêts sacrées abritent des écoles initiatiques, mais elles sont aussi un réservoir de plantes médicinales, et constituent des réserves biologiques car la collecte de bois mort et de produits forestiers y est interdite. Enfin ces forêts protègent de la désertification.

L’Afrique gagnerait à étudier toutes ces formes traditionnelles de protection de l’environnement afin de les réhabiliter, les adapter aux techniques actuelles, et partager ces bonnes pratiques à travers des réseaux d’échange afin de favoriser la diversité d’approches dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Eduquer et sensibiliser

Si l’Afrique doit mettre en valeur ses savoir-faire traditionnels, ce continent doit aussi penser à les transmettre aux jeunes générations sans lesquelles le développement durable ne prendra pas place.

L’éducation est le terrain tout indiqué pour préparer les jeunes à s’engager aujourd’hui et demain pour le développement durable : intégrer les notions, valeurs et bonnes pratiques du développement durable dans le cursus scolaire de la maternelle à l’université, y contribuera grandement.

Les populations, elles, seront sensibilisées à travers les projets, les médias, la télévision notamment, et tout autre moyen en fonction du contexte local : théâtre, radios communautaires, cybercafés communautaires. A condition qu’un plaidoyer soit entrepris auprès des notables, leaders d’opinion, religieux et autres, et évidemment au plus haut niveau des états. C’est aux ONG et à la société civile que revient cette responsabilité dont elles s’acquittent avec succès, mais trop souvent en Afrique avec trop peu de moyens.

 Instaurer une véritable démocratie participative

Mettre en place une culture du développement durable en Afrique, et ailleurs, exige la pleine participation des populations aux projets de développement, de la phase de la conception à celle de l’évaluation en passant par la mise en œuvre ; c’est ce processus démocratique qui garantira la pérennité des projets et l’appropriation par les communautés. Mais aussi l’instauration d’une culture du développement durable basée sur le respect de la personne humaine qui place l’être humain et son bien-être au centre du développement.

 Et le succès d’une telle entreprise exige non seulement une synergie de volonté politique,  de professionnalisme et de convictions partagées, mais aussi la mise à disposition de financements adéquats…

 

 

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